Axiales enrichit son catalogue avec trois nouvelles formations destinées aux libraires. La consultante Charlotte Parouty, qui anime ces modules de formation, nous en précise les contours et les objectifs.

Charlotte Parouty, vous avez conçu et vous animez ces nouvelles formations. Quelle est votre expertise ?
Charlotte Parouty : J’exerce dans les métiers du livre depuis vingt-cinq ans et j’ai rejoint Axiales fin 2024. J’ai fait mes premières armes chez Del Duca, la grande librairie généraliste parisienne qui a cessé son activité fin 2012, faute d’avoir su s’armer suffisamment face à Internet. Après cette expérience fondatrice, j’ai poursuivi ma carrière à Reims, où je suis entrée chez Guerlin, avant d’en prendre la direction. Toutes ces années ont été très enrichissantes. Lorsque à son tour cette librairie a fermé en 2018, j’ai eu envie de reconsidérer ma pratique professionnelle. À la faveur de missions réalisées pour diverses structures du livre, j’ai commencé à transmettre mes savoir-faire liés aux évolutions du secteur. C’est ainsi que je suis devenue consultante pour la branche librairie. En parallèle, je poursuis mon activité de médiatrice du livre, entamée chez Guerlin, en organisant des rencontres d’auteurs pour des festivals. À ce propos, j’ai intégré l’association Relief (Réseau des événements littéraires et festivals) en 2024.
Pouvez-vous nous présenter brièvement les nouvelles formations proposées par Axiales ?
C. P. : La première, intitulée « Remettre le client au centre des priorités du libraire », pourrait aussi s’appeler « Comment réinvestir la relation humaine à l’heure des algorithmes ? ». En effet, avec le commerce en ligne, il est nécessaire de réenchanter les liens avec sa clientèle pour être compétitif. Il y a des techniques pour cela : décrypter le comportement et la singularité́ du client pour s’adapter, cerner ses attentes, cultiver l’art du relationnel – ce qui ne va pas de soi –, acquérir les principes d’une communication efficace et fidélisante…
Et la deuxième formation ?
C. P. : Baptisée « Animer un plateau littéraire », elle se propose de donner les clés pour organiser et réussir ses rencontres auteurs-public. Aujourd’hui, une librairie ne peut plus passer à côté de ce type d’animations, il en va de sa notoriété. Mais endosser le costume du médiateur littéraire n’est pas évident, cela s’apprend. Petite précision, cette formation n’est pas destinée aux seuls libraires. Elle s’adresse aussi aux jeunes organisateurs de manifestations littéraires et aux bibliothécaires.
Citons enfin la formation « Vendre des livres sans les lire ». Un intitulé un peu provocateur, non ?
C. P. : Cette formation propose de transformer un possible écueil pour les libraires en un atout pour consolider leur réputation. Je l’ai imaginée avec Mathilde Rimaud, également consultante Axiales, en m’appuyant sur mes dix-huit ans d’expérience en librairie. Elle est totalement inédite, et son intitulé est un petit clin d’œil au livre de Pierre Bayard (cf. ci-dessous), évidemment.
Avec environ 70 000 nouveautés, tous genres confondus, qui sortent chaque année, il est bien sûr impensable pour un libraire de tout lire. Et pas question non plus de mentir à ses clients. Ce serait la meilleure manière de ruiner sa réputation. Pour construire sa crédibilité, je prône donc une posture de vérité.
Mais comment maîtriser la nouveauté pour rester serein face aux attentes légitimes des clients ?
C. P. : L’idée est de mobiliser et d’accroître son « capital savoir » pour muscler son argumentaire. Aujourd’hui, l’engagement à tenir face au client n’est pas de lui dire : « J’ai tout lu », mais d’être capable en tant que libraire-lecteur de faire des liens, de mettre en perspective, de contextualiser, de situer dans un genre, une collection. Bref, d’exploiter la globalité de ses connaissances pour nourrir une conversation littéraire avec un client qui est en demande.
Alors, comment procéder ?
C. P. : En activant une veille éditoriale, culturelle et informationnelle constante, en s’appuyant sur les rendez-vous représentants et les relations éditeurs, en élaborant des grilles de lecture rapide, en sachant évaluer les qualités littéraires d’un titre sans le lire de bout en bout, etc. C’est tout l’objet de cette formation. Aujourd’hui, le talent du libraire réside dans le fait de pouvoir parler d’un livre qu’il n’a peut-être pas lu, mais sur lequel il a suffisamment d’éléments pour éclairer le client et l’aider à prendre la bonne décision.
Propos recueillis par Sophie Senart le 14 février 2025.
👉 Pour aller plus loin : retrouvez ces trois nouvelles offres de formation dans le catalogue d’Axiales en pages 49-54.